Analyse de Fourier fractionnaire pour la description d'impulsions lumineuses

Un exemple expérimental : l'analyse de signaux SPIRIT

Dans cette dernière partie, nous allons appliquer ces différentes techniques à un signal expérimental pour la caractérisation d'impulsions ultra-courtes.

La méthode SPIRIT (interférométrie spectrale résolue en temps) développée à XLIM (Limoges) consiste à créer 2 répliques décalées temporellement de l'impulsion à mesurer [ ]. Ces répliques sont ensuite dirigées vers un spectroscope, les deux légèrement décalées spatialement l'une par rapport à l'autre, équivalent à un décalage spectal. Un tel montage produit un interférogramme instationnaire donné par [ ] :

est la transformée de Fourier de l'amplitude du champ incident,  sa phase spectrale, ­ le décalage spectral, et  le délai temporel entre les 2 répliques. t est le temps. Après simplification, on peut écrire :

Considérons le cas d'impulsions présentant une phase spectrale possédant des termes quadratique et cubique : . L'interferogramme SPIRIT contient alors des termes de la forme . et donc des termes avec une dérive de fréquence linéaire : le terme ­ . Il existe donc un ordre fractionnaire particulier qui permet de retrouver cette dérive linéaire. La correspondance entre cet ordre fractionnaire optimal et le terme de phase

correspondant est donnée par :

Inversement, le terme de phase est directement obtenu à partir de l'ordre fractionnaire optimal par la relation :

La figure 11 montre un exemple expérimental de signal SPIRIT de ce type


   
    Figure 11 : Interférogramme expérimental SPIRIT
Figure 11 : Interférogramme expérimental SPIRIT [zoom...]
  • Dans un premier temps, nous avons réalisé des transformées de Fourier fractionnaire de différents ordres de cet interférogramme. La figure 12 illustre les résultats. Il y un ordre bien particulier qui permet de mettre en évidence la dérive de fréquence linéaire présente dans le signal : on voit apparaître un pic très fin. Pour comparaison, ce pic est totalement absent pour un autre ordre a = 1.5.


   
    Figure 12 : 2 transformées de Fourier fractionnaires d'ordres différents de l'interférogramme SPIRIT expérimental
Figure 12 : 2 transformées de Fourier fractionnaires d'ordres différents de l'interférogramme SPIRIT expérimental [zoom...]Info
  • Dans un deuxième temps, nous avons appliqué la technique de decomposition en séries de Fourier fractionnaires à l'interférogramme. La figure 13 montre les valeurs des différents ordres de décomposition dans le plan .


   
    Figure 13 :
Figure 13 : [zoom...]Info

Figure 13 : Cartographie des coefficients de décomposition

On peut y distinguer un domaine particulier (voir la flèche). Il est dû au terme de dérive de fréquence linéaire du signal SPIRIT. Ce pic se situe à la position (comme précédemment). Nous avons alors

Nous avons pris dans ces simulations, ce qui permet d'en déduire . Par ailleurs ce pic est à la position et nous pouvons écrire :

où  le support de l'interférogramme. Dans notre cas , ­ et . Nous pouvons alors en déduire :

Ces valeurs ont pu être confirmées expérimentalement [].

Les techniques fractionnaires permettent de déterminer les coefficients de phase spectrale quadratique et cubique.

Lorsque l'on procède à une décomposition en séries de Fourier fractionnaire, on peut ensuite reconstruire le signal de départ sur la base de cette décomposition. Un filtrage est alors possible si l'on ajuste le nombre de fonctions considérées dans le processus de reconstruction.

La figure 14 illustre une telle reconstruction à partir d'un interférogramme bruité (il s'agit dans ce cas de simulation). La reconstruction a été faite en prenant en compte toutes les fonctions entre n = -80 et n = 80. Le bruit est efficacement éliminé via la reconstruction.


   
    Figure 14 : Signal bruité puis reconstruit
Figure 14 : Signal bruité puis reconstruit [zoom...]Info
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